Les épisodes de fortes chaleurs devraient se multiplier et s’intensifier dans les années à venir, en raison du changement climatique. Une situation qui n’est pas sans risques pour la santé des êtres humains et qui peut aller jusqu’à entraîner la mort.
Lorsque les êtres humains ont entrepris de brûler des combustibles fossiles, au début de la révolution industrielle, les températures ont augmenté d’environ 1°C partout sur Terre. En réponse, 196 pays signaient l’Accord de Paris en 2015, pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C en comparaison avec les niveaux préindustriels. À travers le monde, le changement climatique est à l’origine de bouleversements de toutes sortes, plus ou moins attendus, parmi lesquels la baisse des rendements agricoles, la multiplication des incendies, le fait que les inondations soient de plus en plus nombreuses et violentes, ou encore les épisodes de canicule.
Au cœur de l’automne 2023, une étude interdisciplinaire publiée dans la revue scientifique américaine PNAS nous informait que des régions entières pourraient devenir inhabitables pour les humains. Les chercheurs soulignaient que le corps humain ne peut pas résister longtemps à la combinaison d’une chaleur et d’une humidité extrême. Les réactions peuvent aller du simple coup de chaleur à la crise cardiaque.
Lundi 29 juillet, quelques jours après la mort d’un père et de sa fille dans le parc national de Canyonlands (Utah), déshydratés après s’être perdus, CNN s’est intéressé à la façon dont les fortes chaleurs mettent à l’épreuve les limites de la survie humaine, en rendant les activités ordinaires périlleuses. “Nous avons transformé l’été en une arme mortelle”, résume Matthew Huber, professeur de climat à l’Université Purdue (Indiana), auprès de la chaîne américaine.
Partout sur Terre, près de 500 000 victimes chaque année
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la chaleur tuerait environ 489 000 personnes chaque année, à travers le monde. Néanmoins, le bilan pourrait être plus élevé encore, car imputer un décès à la chaleur n’est pas toujours chose aisée. Bien que certains y soient plus vulnérables que d’autres, notamment les personnes âgées et les jeunes enfants, personne n’est à l’abri, pas même les plus grands sportifs au monde. Un constat qui soulève des inquiétudes légitimes concernant la sécurité des athlètes qui participent aux JO de Paris 2024, alors que les températures devraient dépasser cette semaine les 35 °C dans la capitale française.
Pour tester la réaction humaine face à une large gamme de températures et d’humidité, les scientifiques ont notamment recours à des chambres environnementales. CNN en a visité une, au sein de l’Université du Pays de Galles du Sud (Royaume-Uni), afin de mieux comprendre ce que la chaleur inflige à notre corps, au point de risquer d’entraîner la mort. Là-bas, les experts utilisent un certain nombre d’instruments pour suivre en direct les signes vitaux du sujet (fréquence cardiaque, flux sanguin cérébral et température cutanée), pendant que celui-ci est au repos ou qu’il pratique un exercice d’intensité légère sur un vélo. La chaleur progressera petit à petit de 23 °C à 40 °C dans la pièce, tandis que le taux d’humidité passera de 20% à 85%. “C’est ça qui tue, révèle Damian Bailey, professeur de physiologie et de biochimie. C’est l’humidité à laquelle on ne peut pas s’acclimater.”
Des effets sur la peau, le cœur et le cerveau
Sous de fortes chaleurs, les organes humains sont exposés à divers dangers. Par exemple, les conséquences ne sont pas négligeables pour la peau. Une transpiration excessive peut entraîner une déshydratation, et le corps ne réclame pas toujours de l’eau. Lorsque nous ressentons enfin la soif, il est peut-être déjà trop tard : les liquides sont éliminés plus vite que l’on ne parvient à les reconstituer. Par ailleurs, un taux d’humidité excessif peut neutraliser les bienfaits de la transpiration. La sueur va s’évaporer plus lentement que de coutume, voire pas du tout. La température du corps, privé de son principal mécanisme de refroidissement, va grimper.
Catharina Giudice, médecin urgentiste et chercheuse en climatologie à la Harvard TH Chan School of Public Health, explique à CNN qu’en cas de chaleur extrême, le cœur va travailler plus dur pour maintenir la température interne du corps stable. Le sang circulera plus vite et libérera de la chaleur via la peau. C’est la raison pour laquelle on devient tout rouge quand on a chaud. Au fur et à mesure que la transpiration s’écoule, le volume sanguin diminue, ce qui force le cœur à pomper encore plus fort pour maintenir la pression artérielle.
Enfin, la chaleur a aussi une incidence sur le cerveau. L’hypothalamus a pour mission de déclencher le phénomène de la transpiration et de diriger le flux sanguin, afin de maintenir la température corporelle autour de 37 °C. Mais quand le mercure grimpe en flèche, cette organisation s’effondre. Le flux sanguin acheminé vers votre cerveau diminue, car la respiration s’accélère et les vaisseaux sanguins se contractent à l’intérieur du cou et du crâne. Un phénomène loin d’être anodin, car le cerveau sera privé du glucose et de l’oxygène dont il a besoin. Les conséquences peuvent être une altération des capacités cognitives et l’aggravation des problèmes de santé mentale.
En résumé, la chaleur extrême détruit les défenses de notre corps, et ce qui n’est au début qu’inconfortable peut très vite devenir mortel. Parmi les symptômes qui peuvent apparaître, figurent des maux de tête, des nausées, des crampes musculaires ou même des évanouissements. Cela signifie que le corps s’épuise et se déshydrate progressivement. Ensuite, les choses peuvent très vite dégénérer. Lorsque la température interne du corps dépasse 40 °C, ce qui peut se produire dans les 10 à 20 minutes suivant l’exposition aux fortes chaleurs, “vous vous dirigez vers une mort certaine”, alerte Damian Bailey auprès du média.
Si vous êtes sujet à un coup de chaleur, la meilleure chose à faire est de vous immerger dans un bain d’eau froide, explique Catharina Giudice. Si ce n’est pas possible, placez des serviettes humides sur votre corps et installez-vous de manière à être au contact d’un ventilateur. Subir un coup de chaleur n’est pas sans conséquence : près de 30 % des personnes qui se rétablissent souffriraient de lésions cérébrales permanentes.
Titi Leopold
Source geo.fr