Chaque année, nous entendons de tristes nouvelles sur des inondations, des sécheresses ou des familles affamées. Mais le Rwanda montre au monde une autre histoire: une histoire d’espoir, d’action et de leadership. Le Rwanda ne se contente pas de parler de changement, il le met en œuvre. L’un des exemples les plus forts est la manière dont le pays utilise les arbres pour redonner vie à des terres agricoles vides et abîmées en pratiquant l’agroforesterie.
Le Rwanda a fait l’agroforesterie un objectif national. Les dirigeants, les agriculteurs, les chercheurs, les médias et les communautés locales travaillent ensemble pour ramener les arbres sur les terres, et les résultats sont excellents. Dans de nombreuses régions du pays, on voit désormais des bananiers pousser à côté des arbres, et les jardins des écoles, des hôpitaux ou d’autres immeubles publics sont embellis par des arbres fruitiers.
En Octobre 2025, le Rwanda accueillera le Congrès Mondial sur l’Agroforesterie. Ce grand rendez-vous international rassemblera des experts du monde entier pour échanger et apprendre. Ce qui se passe au Rwanda est la preuve que les solutions basées sur les arbres fonctionnent. Par exemple, dans la Province de l’Ouest, dans le bassin versant de la rivière Sebeya, des arbres ont été plantés pour restaurer des zones abîmées afin de stopper les effets néfastes des eaux de ruisselement, qui ont causé plus de 130 morts en Mai 2023.
Ce qui rend les arbres si importants en agriculture, ce n’est pas seulement leur beauté. Les arbres apportent plusieurs avantages à la fois. Un manguier, par exemple, donne des fruits, fournit de l’ombre, enrichit le sol et peut plus tard servir de bois de chauffage. Ainsi, un agriculteur n’a pas à choisir entre nourriture et bois, il peut avoir les deux.
Les arbres aident aussi à lutter contre le changement climatique. Ils absorbent le dioxyde de carbone (CO₂), un gaz qui réchauffe la planète, et rejettent de l’oxygène. Les arbres sont comme des ouvriers silencieux, ils travaillent chaque jour sans bruit, mais leur impact est immense.
Les arbres aident à purifier l’air que nous respirons. L’un des grands problèmes actuels est l’émission de CO₂, notamment par les véhicules à moteurs, les usines et le bois de chauffage. Ce gaz reste longtemps dans l’atmosphère et réchauffe la terre, la solution est alors de planter beaucoup plus d’arbres.
Un autre avantage majeur, mais souvent oublié de l’agroforesterie, est son rôle dans la protection des eaux souterraines. Quand les terres sont couvertes d’arbres et de plantes, leurs racines aident l’eau de pluie à s’infiltrer dans le sol, où elle alimente les nappes phréatiques.
L’agroforesterie protège aussi la biodiversité. Cela signifie qu’elle conserve de nombreuses plantes, oiseaux, insectes et animaux. Quand les arbres, cultures et animaux partagent la même terre, de nombreuses espèces cohabitent. Les oiseaux y font des nids, les abeilles trouvent des fleurs pour butiner et produire du miel, et les animaux trouvent ombre et nourriture. Cet équilibre est vital.
L’agroforesterie restaure aussi une harmonie profonde entre l’homme et la nature. Dans plusieurs villages, les habitants ont recommencé à planter des arbres médicinaux traditionnels, qui soignent les maladies comme le faisaient leurs grands-parents.

Cela est similaire ailleurs en Afrique, prenons le cas du Cameroun, où une institutrice, Djamilatou, transforme la balanite en remèdes contre le diabète. Grâces à ces produits, Djamilatou elle-même a survecu du diabète qui lui fasait trop mal, aujourd’hui elle va bien, et ça fait une année qu’elle a abandonné son métier d’enseignant. Elle a alors décidé de produire plusieurs et différents produits pour sauver la vie des autres, et elle a réussi son projet grâce au soutien de CIFOR-ICRAF, une institution scientifique qui fait des recherches sur les arbres, les forêts et les paysages agroforestiers.
Un modèle africain pour inspirer le monde
Le Rwanda aura une grande opportunité lors du 6ème Congrès mondial d’agroforesterie 2025. Cet événement doit être l’occasion de montrer ce qui a été fait, mais aussi de demander davantage de soutien aux partenaires mondiaux. Ce sera le moment de dire aux bailleurs de fonds climatiques et aux investisseurs internationaux de soutenir insesamment l’agroforesterie.
Nous devons aussi enseigner aux enfants, à l’école, l’importance des arbres et du soin de la terre. L’agroforesterie ne doit pas être perçue comme une pratique ancienne ou réservée aux pauvres. Elle est moderne, innovante et durable. C’est un mode de vie qui respecte la nature et soutient les communautés. Nous devons changer notre manière de parler des arbres, ils ne sont pas d’ornement seulement.
Un appel au monde à regarder le Rwanda de près avec respect. Le Rwanda a prouvé qu’il est possible de restaurer la terre, de lutter contre la faim, de protéger le climat, de préserver l’eau et de développer l’économie en même temps.
Mais certains défis demeurent: notamment l’hésitation de certaines banques ou entreprises à investir, car les bénéfices de l’agroforesterie prennent du temps à se matérialiser.


Jean Claude Munyantore
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